J’ai remarqué que le Monastère du Gai-rire attire des personnes qui éprouvent le besoin de croire en l’Humain, ils ont tous ce point commun, ils sont tous attirés par leur propre générosité qui ne demande qu’à s’exprimer.
Certes, quand on voit ce que l’homme fait, ce que « nous » faisons de cette merveilleuse planète Terre, il est difficile de ne pas baisser les bras et nous pensons alors : « à quoi bon croire en moi-même ! ».

Nous faisons alors le choix de nous identifier à un petit « moi » égoïste qui essaie « d’exister », malgré tout, malgré les turpitudes, les misères et la guerre. Nous essayons d’être dans le camp des dominants, des « privilégiés », comme on dit, et ce faisant nous augmentons l’injustice et la désespérance.
En notre monde moderne, l’espoir du bonheur disparaît rapidement, et cela se lit dans les yeux de nos propres enfants.

Au Monastère, nous pensons que « le Père »… (pas Dieu, non ! Le NOM que les anciens Hébreux veillaient à ne pas prononcer, par respect du 3 ème Commandement, nous évitons, nous aussi de le prononcer, car « si chaque nation, si chacun de nous donne un nom au « Sans Nom », ce sera la guerre » , disaient-ils)…
Au Monastère, nous pensons que « le Père », « la voix de notre conscience… en faîte », n’est pas sévère. Le monde est tel que nous l’avons construit, tel que nous le construisons chaque jour. C’est nous qui sommes sévères avec nous-mêmes et qui avons à nous pacifier.
Nous pouvons nous fier à ce que j’appelle « le Père en nous ». Il n’est pas sévère, et nous persévérons, en ce Monastère, à vérifier ce « fait (par fait) », ce qui nous amène à recréer la présence du Père, en nous, à chaque instant.

Aussi, beaucoup d’entre nous, en ce lieu très particulier, persévèrent à croire en l’Humain avec un grand H, et continueront, sans doute, à croire en la Femme et en l’Homme, quelque nouvelle folie que l’humain (avec un petit h) puisse encore inventer !
Avons-nous d’autres choix si nous souhaitons « co-naître » au bonheur, dès cette vie ?

Avons-nous un autre choix que celui de devenir de plus en plus intelligent, de plus en plus généreux et de plus en plus tolérant et heureux ?

« En fête », nous sommes de « véritables privilégiés », et quand nous avons le privilège d’avoir trouvé un sens à nos vies, nous pouvons alors, sans prosélytisme aucun, commencer à aider les Autres, celles et ceux qui souhaitent trouver leur propre chemin.
… Cela se fait sans vouloir, sans stratégie.

L’expérience semble montrer aussi que seule une femme (ou un homme) qui ont installé leur demeure sur le chemin du bonheur sans contraire, où règne le goût unique du bonheur et du malheur, pourront, tôt ou tard, jouir du privilège d’avoir aidé merveilleusement et pleinement leur prochain, après avoir été aidés eux-mêmes.

frère Abel.